30 mai 2024
Scandinavie, chapitre 4 – La Finlande
Nous quittons la côte de la mer de Barents et son peuple et pénétrons les forêts profondes de Finlande.
Nous sommes partis depuis tout juste une semaine de la Bretagne et le 3 mai 2023, nous passons la frontière norvégienne.
Plantés le long de la Northern Lights Route, au milieu de la toundra, trois gentils colosses nous font signe de nous arrêter. Ces trois charmants douaniers norvégiens inspectent minutieusement le van, nous posent quelques questions sur nos futures destinations et après nous avoir complimenté sur l’optimisation de nos rangements – ah la la, ces Nordiques ! -, ils nous laissent reprendre notre route.
Depuis des années, je rêve du moment où je mettrai les pieds en Norvège et où je poserai mes yeux sur ses fameux fjords ! Nous n’avons pas été déçus : d’immenses montagnes blanches se jettent dans ces eaux poissonneuses et glacées. Nous faisons un premier arrêt à Skibotn, dans le fjord de Lyngen, pour prendre le temps d’observer les oiseaux peuplant la vasière. J’arpente le quai du petit port de pêche et je profite de ces ambiances que j’aime tant : le clapotis de l’eau contre le béton des docks, le froid qui me pique le nez, les couleurs pastel du paysage, le cri des laridés … Trois Finlandais en vacances, yeux bleus et cheveux d’un blond presque blanc, font trempette dans les eaux gelées alors que nous sommes emmitouflés dans nos parkas. Dans ce minuscule village, j’en apprends plus sur le Kvène, Leonhard Sepala et la Course au Sérum de 1925.
Nous choisissons de reprendre le van pour chercher un coin tranquille pour dormir. Sur le chemin, nous tombons sur le phare le plus petit (et adorable) que je n’aie jamais vu. J’apprendrai par la suite que la plupart des phares norvégiens ont été détruits par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale (politique de la « Terre brûlée » au moment de la libération par les Russes) et qu’à part quelques exceptions, la grande majorité des feux du pays furent reconstruits en allant au plus fonctionnel, sans fioritures. Le petit phare en bois de Salmenes veille sur un des passages étroits du fjord et offre une touche cramoisie dans cette ambiance quasi monochrome. Nous observons aussi nos premiers marsouins, non loin de la côte.
Le lendemain, nous allons faire un tour du côté du fjord de Balsfjord, à l’ouest de Skibotn. Nous allons jusqu’au petit village de Tennes pour jeter un œil à l’église qui se dresse au bord de l’eau. Le ciel est gris, la température n’excède pas 0°c et alors que nous nous garons au pied de l’édifice luthérien, les flocons commencent tranquillement à tomber et nous plongent dans une contemplation silencieuse. Un groupe d’Eiders à duvet flotte paisiblement sur la mer d’huile, pas inquiété le moins du monde par le froid. Les montagnes disparaissent peu à peu dans une brume épaisse qui finit par nous envelopper. Nous profitons d’être à Tennes pour jeter un œil à ses pétroglyphes, des gravures datant de -4.600 av. J.-C.
Jour après jour, nous prenons nos marques et les fjords défilent, chacun avec ses particularités et ses couleurs. Je m’entiche tout particulièrement du port de Løkvollen et de ses cabanes de pêche sur lesquelles nichent les Huîtriers pies. Les observations de la faune se succèdent le long de la route, la météo est parfaite et nous tombons même pas hasard sur deux femelles d’élans sur une tourbière ! On remarque leurs traces un peu partout (crottes et empreintes) mais malgré leur taille imposante et la végétation parfois rare, ce sont des bêtes très discrètes qui ne se laissent pas toujours voir.
Chaque jour, nous nous levons aux alentours de 9h, nous déambulons autour de notre spot de dodo puis nous prenons la route vers d’autres horizons. Matthis a soigneusement préparé l’itinéraire pour avoir des chances de croiser des espèces d’oiseaux typiquement nordiques comme le Plongeon à bec blanc, l’Eider à tête grise et le Lagopède des saules. Pour ma part, je repère sur le chemin des endroits assez atypiques qui se révèleront être de belles surprises : Nordstraumneset et ses huttes traditionnelles, la pointe de Storengneset et son joli petit phare, le musée Sami de Sjøsamisk Tun (malheureusement fermé) et Trollholmsund.
La légende sami raconte que sur ce dernier lieu, un groupe de trolls voyageait le long de la côte en direction du plateau de Finnmarksvidda. Ils furent pris en chasse par les humains qui ouvrirent le feu sur eux, créant avec leurs boulets de canon Ráigebákti, la Roche Perforée. Lorsque les trolls parvinrent à Trollhomsund, la marée était haute et ils ne purent pas traverser le fjord. Le soleil se leva et ils furent changer en pierre, figés à jamais face à la mer.
Dernière mission avant de quitter les fjords et de mettre le cap sur le Varanger : voir les Oies naines en halte migratoire à la réserve de Stabbursnes. Nous restons les 2 jours suivants à proximité de la réserve mais malheureusement, la météo et les vents sont défavorables et aucun signe d’oies à l’horizon. Pressés de découvrir le Varanger et ses ambiances de bout du monde, nous reprenons la route au grand dam de Matthis … Mais il nous reste encore plein de coins époustouflants à découvrir !